A voir la collection de vieilles familiales qui ornent El Camino, on se dit que les Black Keys nous emmène cette année encore en vacances de Noel chez la tante gâteuse, qui nous demandera quand est ce que l'on arrêtera de grandir alors que l'on a fini la croissance depuis quinze ans maintenant. Elle habite l'état voisin, la Oldsmobile Cutlass à papa est confortable, il y a de la country rock FM au poste, le paysage est monotone, au bout de cent miles on souffle déjà. On a découvert les Black Keys il y a 10 ans, comme si c'était hier, la déflagration de Thickfreakness, le désespoir sans fond du blues allié à la puissance gigantesque du rock, l'extase ! Et puis par la suite, ils sont revenu tous les ans, toujours bons, des fois très bons, mais jamais meilleurs, pas de quoi se rouler par terre. Ils ont eu beau chercher à se diversifier, rien n'y a fait, ils étaient trop prolifiques, ça tue toute envie, tout effet d'attente. Alors quand le nouveau arrive, on le connait déjà.

 

Faux ! Ils s'étaient empâtés sur Brothers, El Camino apporte un nouvel élan, un Ford Taunus bien venu. Plutôt que se caler à vitesse de croisière sur la nationale, ils tournent à droite, à gauche, hésitent pas à salir les bas de caisse sur les routes de campagnes. Quand ils se sont arrêtés à Cuyahoga Falls, Ohio, pour acheter des sandwichs et un pack de douze, il y avait un fou sur le trottoir qui disait que Michael Jackson était le fils de Dieu et que nous, humains, on l'avait tué et qu'on allait subir les foudres divines en représailles. Alors ils lui ont demandé de danser pour apaiser la colère du Tout Puissant, ça ferait un clip à moindre frais pour Lonely Boy. Ils ont bu les bières au volant alors que c'était strictement interdit dans le comté qu'ils traversaient. Non je déconne, le shérif du coin, un certain Corvair, est un fou furieux, les derniers qui ont fait ça, il leur a fait manger la canette, alors faut pas tenter le diable. Ils ont roulé en chantant, en jetant des papiers sur les terres sacrés des indiens, le passager avaient les pieds à la fenêtre, ils profitaient et faisaient pas attention à la route, alors ils ont percuté de plein fouet un gros Kenworth et sont morts sur le coup ... non, ils sont arrivés devant le panneau d'entrée d'agglomération de Ashtabula et ont donc dépassé Willoughby Hills où habite tata.

 

Tout ça pour dire qu'on passe du bon temps tout au long d'El Camino, une ballade américaine assez classique finalement mais plaisante. On ne s'en rapellera pas toute sa vie, mais très plaisante. On est donc dans le très bon Black Keys, qui ne fera pas oublier les trois premières minutes où on les a découverts mais qui a quand même le mérite de les faire sortir de la routine, de leur donner un bon coup de fouet.

 

 

 
 
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