Sharon Van Etten, c'est la fille qui est au-dessus, c'est la fille à qui tu ne te permettras pas d'adresser la parole. Quand tu poufferas connement, elle te perforera du regard, quand tu seras avachi en survet', elle te méprisera profondément. Non, c'est pas le genre de fille pour toi, elle voudra aller voir l'expo sur ce peintre japonnais trop injustement mésestimé le jour du match, elle voudra aller au nouveau resto japonnais qui vient d'ouvrir en ville quand tu te contenterais d'une pizze du boui-boui d'en face. Alors tu devrais oublier et la laisser avec les gens de son niveau, mais elle a ce magnétisme qui fait que c'est pas facile. C'est normal, Sharon est une chanteuse de folk, et pas une du far-west qui boit du whisky au saloon et qui met un coup de botte dans les burnes du cowboy qui s'approcherait trop, non c'est une folkeuse des villes, délicate, cultivée, qui a bon goût. Son nouveau disque Tramp sort chez Jagjaguwar, la boîte qui s'y connait en chanteuses folk et groupes lourdement psyché. D'ailleurs, sa voix belle et profonde fait d'abord penser à celle de Amber Webber, la chanteuse de Black Mountain. Elle réussit d'entrée la chanson parfaite avec le torturé Give Out où elle met tout son vague à l'âme et ses regrets, on a mal pour elle mais on y peut rien. Elle a aussi une guitare électrique dans son loft de Brooklyn, et elle s'en sert plutôt bien, notamment sur ce Serpents très 90's où elle laisse trainer sa voix. En suite, elle se déride le temps de Leonard, on sent son visage s'illuminer, ce Leonard doit être le guitariste d'un groupe de post-rock dont elle est amoureuse. Pour le reste, on se fait un peu chier quand même, on se dit que sa vie n'est pas forcement mieux, on se demande si elle va bien, à quoi elle répond que oui dans un duo avec Zach Condon, monsieur Beirut, qui a plutôt l'air d'un bon vivant. On est donc rassuré.

 

 

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