Liz Green m'a eu au réveil, la garce, elle est venue me chanter une de ses berceuses au creux de l'oreille, et j'étais bien là, sous les couvertures, jusqu'à qu'un idiot ne l'interrompe pour hurler qu'il y avait en ce moment des prix imbattables chez Leclerc. J'ai trouvé ça un peu cavalier et à la limite du vulgaire. Alors, agacé, je me suis assis au bord du lit et me suis demandé où avait bien pu passer la demoiselle. En ce moment c'est pas trop ça et il m'en faut peu pour être conquis.

  

D'ailleurs elle avait quoi cette Liz ? Pas le charme bucolique du premier Alela Diane, pas le chien d'Anna Calvi chantant Jezebel, ni le glamour en plastique de Lana del Rey. Comme ces trois chanteuses, elle renvoie loin dans le passé, vers une époque révolue et elle le fait avec plus de personnalité encore. On se retrouve dans un cabaret du Londres d'avant guerre où Liz Green serait sur scène avec un drôle d'orchestre mêlant à la guitare acoustique de la patronne cuivres cabossés et piano usé. En donnant à son folk des accents jazzy, elle a su séduire la bohême locale, ces enfants de la petite bourgeoisie locale rêvant d'autre chose que de suivre les traces de leurs parents, commerçants aisés ou hauts fonctionnaires. Alors ils écoutent Liz raconter ses histoires sur les gars Joe et Luis, ses envies de Paris, ça swingue sur Midnight Blues et puis au bout d'un moment le brouhaha commence à monter. Et oui, parce que moi aussi, je m'en suis vite rendu compte, la ritournelle Displacement Song ne décolle jamais, elle a les fesses trop grosses, ou alors c'est son interprète qui finalement est assez ennuyeuse. Elle chante tout sur le même ton sans qu'aucune émotion en particulier n'en ressorte si ce n'est de la tristesse sur le misérable Gallow final.

  

Liz Green a son univers propre qui la démarque des autres, ce qui a conquit les journalistes de son pays qui ne tarissent pas d'éloges à propos de son premier album O, Devotion ! D'un côté ça me rassure, je ne suis pas le seul pigeon à lever la tête dès qu'une fille qui sort un peu de l'ordinaire passe dans le coin.

 

 

 
Retour à l'accueil