L'Eté à Pau, quelques soirs par semaine, les familles, les groupes d'amis amènent leurs bières et leurs sandwichs au pâté au théâtre de verdure, cadre bucolique et plein de charme au milieu du parc Beaumont. On y profite des sous des contribuables locaux pour se faire une série de concerts gratos à la programmation éclectique et souvent bien vue. Quand il pleut (la moitié du temps), on se replie à la foire expo, un hall plus à même d'accueillir les salons du mariage ou du X qu'un concert. Mais c'est mieux que rien.

 

Photo David Le Deodic pour Sud Ouest.

 

Dimanche 20 Juillet

En ce dimanche dégueulasse, invité exceptionnel, cadre exceptionnel. L'organisation a réussi le tour de force de réquisitionner le zénith pour la venue de Asaf Avidan. Que sais je d'Asaf Avidan, il est israélien, mais peu importe, je connais une seule chanson de lui (que j'aime bien) et je suis pas sûr de vouloir poireauter pour lui. Finalement oui. Une demi heure avant le début, les 6000 places sont occupées et il y a du monde qui est déçu dehors. De quoi remplir trois théâtre de verdure. Une demoiselle s'avance sur scène avec un violoncelle. Elle s'appelle Gatha. Derrière elle et son ami en bois, tout un beat electro dark. Sa voix est intéressante, elle a de la personnalité, mais l'ambiance qu'elle veut installer peine à prendre. C'est pas trop mal foutu, mais ça parlera plus à une ado torturée qu'à un trentenaire barbu.

Place à Asaf Avidan, seul avec sa guitare. Il va très vite conquérir ceux qui ne l'étaient pas d'avance dans un répertoire folk où sa voix si particulière, mi écorchée, mi éclairée, fait merveille. Chose unique à Pau, quand il s'arrête de jouer pour blaguer en anglais, les gens réagissent. Est-ce les autres artistes qui ne racontent rien d'intéressant ou est-ce le public qui rigole sans comprendre un mot ? De quoi s'agit-il ? D'amour et de géologie. D'éruptions volcaniques et de tectonique des plaques. D'ailleurs suit une chanson en français absolument superbe, elle est à priori toute neuve et débordante d'émotion. Puis il s'accroche des tambourins aux chevilles et se transforme en homme orchestre, fait appel à la magie des boucles. Un rappel avec la seule chanson que je connaissais "One day baby we will be old ..." et celui que je pensais bon pour les jeunes tout juste descendus de leur scooter repart avec toute mon estime. En plus, c'est pas donné à tout le monde d'avoir la classe avec le combo marcel / bretelles.

 

Lundi 21 Juillet

Le ciel du Béarn a retrouvé une couleur acceptable pour l'été, retour au théâtre de verdure. L'assistance est clairsemée, les locaux de Black Out envoient un vieux hard rock carré et efficace, la voix est un peu faible et ça chante en français "Oiseau de feu, je te dois, je te donne, ta libertééééééé" Y'a du bandana et du fut en cuir, y'a tout le jeu de scène du guitariste. Et puis des reprises au final Hush où on peut reprendre les lalalalas et Rock'n'Roll de Led Zep. Merci messieurs.

Venu en voisins l'Inspector Cluzo est encore en jambes après cinq jour de fêtes de la Madeleine. Les Montois montrent de suite leur attachement à la Gascogne dont le drapeau est étendu derrière et à la musique sensuelle avec une reprise de Move on Up de Curtis Mayfield. Puis place au gros rock Grooooovy Baby !!! Le barbu est une grande gueule comme on les aime, allume tout le monde palois, bordelais, festivals voisins, malbouffe ... "t'es taillé comme un asticot toi, tu devrais manger du confit de canard" The Inspector Cluzo, c'est explosif, c'est de solides racines locales pour une belle réputation à l'international. Le lendemain, ils décollaient pour aller jouer au pied du mont Fuji. Et qui va gaver les canards pendant ce temps ?

 

Mardi 22 Juillet

La chanteuse de blues Nikki Hill est la suivante au programme mais voyez vous, on ne peut pas être partout. Nous avons suivi le Gave puis l'Adour jusqu'à Baiona. Les fêtes commencent demain, mais aujourd'hui c'es Detroit qui est dans les arènes. Mais d'abord le caution High' Energy basque, Willis Drummond fait tout ce qu'il faut pour chauffer la fosse mais ça ne prend pas.

Puis Bertrand Cantat rentre en scène sous un tonnerre d'applaudissements, Pascal Humbert est à la contrebasse, c'est Droit dans le Soleil, beau et fragile. Ce n'est plus un secret pour personne, ils jouent du Noir Désir. Ils vont intercaler intelligemment les morceaux des deux groupes, allant crescendo dans l'intensité. On va pas se mentir, Horizons le disque de Detroit est des plus réussis, on écoute avec attention ses titres, mais c'est pour autre chose qu'on est là, cette chose que j'avais vécu à l'Espace Mitterand de Mont de Marsan un jour de 2003. Il est là, aux eaux toujours aussi troubles, Le Fleuve, absolument trippant. C'et cette période là ma préféré, A l'arrière des taxis, les Ecorchés etc etc mais on est dans une arène, pas dans une cave, on est à la veille de l'ouverture des fêtes 2014, les gens veulent se faire plaisir, Cantat et moi compris, alors il pioche plutôt dans 666 667 Club, les refrains connus de tous, qu'on reprend tous en coeur. Mais pour l'heure une dame monte sur scène. Elle va lire puis chanter des poèmes d'un auteur basque que Cantat admire. Je sais dire salut (adio), oui (bai), non (ez) et merci (milesker) en basque, est-ce qu'il connait beaucoup plus ? Peut-on apprécier de la poésir dite dans une langue inconnue ? Bref, elle a une belle voix et on respecte. Puis c'est la deuxième partie du final best of, les premières notes de Tostaki rendent tout le monde fou. Puis Comme elle vient, puis c'est fini. L'instant d'un concert, on s'est vu des années plus jeunes, on a vu les années lycée, les années où on copiait les cds sur des cassettes. Et tout le monde était heureux.

 

 

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