Mermonte - Audiorama

On avait déjà vu la tribu sur la scène de la Centrifugeuse l'automne dernier, ils étaient une dizaine de Rennais présents et encore il manquait deux ou trois instruments selon leur dire. Ils nous avaient immédiatement inondé d'une déferlante musicale, d'une grosse vague d'optimisme. Ce mot qui semble être tabou aujourd'hui, ce sentiment dont les porteurs sont regardés comme des irresponsables avait soudain envahi la salle, c'est une maladie plus contagieuse que la peste bubonique, et cela pour notre plus grand bonheur. C'est la même sensation à l'écoute d'Audiorama, le nouvel album de Mermonte, la même joie, mêlée à une certaine naiveté, qui submerge, un travail orfèvre, la finesse associée à la puissance, et beaucoup de bonheur donc.

 

 

 

Protomartyr - Under Color of Official Right

Vous avez vu les images de Detroit aujourd'hui ? Le fleuron de l'industrie automobile de jadis n'est que ruines, centre ville fantôme, vitres brisées. Kaboul et Beyrouth ont l'air plus vivants. Un habitant d'ailleurs a récemment suggéré de transformer ces friches en parc d'attraction Zombieland ... On va pas vous dire que les membres de Protomartyrs vivent là dedans comme des rats, mais toujours est-il qu'ils sont originaires de la ville. Et exit les brûlots rock'n'roll & soul des illustres musicos qui firent la légende de la Motor City. Ici, on est post, post tout ce que vous voulez, post rock, post punk, et post industriel donc. Ce disque n'est que répétitions électriques, inlassables, comme une chaîne de montage. La voix là au milieu ne laisse transparaître qu'un peu d'abattement de temps à autre, mais reste globalement d'une sérénité à toute épreuve, en mémoire aux cousins du nord de l'Angleterre des débuts 80's. Ces lignes ne sont absolument pas vendeuses, mais le disque non plus.

 

 

 

Kid Francescoli with Julia

Le Marseillais possède comme trait commun avec l'ancien ailier de l'OM du même nom un certain sens de l'élégance. Mais quand l'Uruguayen brisait les reins des défenseurs avec ses crochets de feu, le musicien fait plus dans la douceur, une pop électro propre et sans sueur, de coton et de rêves. On l' imagine conduire trop vite dans des lacets qui surplombent la Méditerranée, le regard ailleurs, car ce disque avec Julia est celui d'une rupture amoureuse, sans cris ni colère, juste une certaine amertume et sûrement quelques regrets. Il ravira les amateurs de beaux duos un peu tristes, comme les nostalgiques des débuts 90's, parce qu'à la fin de la route, quand on arrive à San Remo, l'eurodance et le slow langoureux nécessitent chemise ouverte et moustache.

 

 

 

Ray Lamontagne - Supernova

Voilà le retour du barbu à la voix pure, l'homme qui chanta à sa belle ce que chaque homme aurait aimé chanter à sa belle "You are the best thing ever happened to me". Moins fragile que par le passé, Ray Lamontagne a épaissi le son de sa dernière livraison et c'est pas un hasard si Dan Auerbach est à la production. Le bonhomme est toutefois plus inspiré ici que sur le dernier disque de ses Black Keys. Le barbu reste amour et l'exprime à grandes envolées psychédéliques toujours claires et lipides, il n'est pas passé du côté obscur mais c'est quelque peu alourdit, ça arrive avec l'âge. Si l'album Gossip in the Grain reste le préféré de la rédaction, ce Supernova est tout à fait bucolique, parfait pour les douces soirées de juin.

 

 

 

The Horrors - Luminous

Quand ils ont débarqué, jamais un groupe n'avait si bien porté son nom, on pensait que des rats avaient copulé avec des corbeaux. Du mépris, de la rage et le noir absolu. Et puis au fil des années l'urgence et la colère ont cédé la place à des morceaux plus travaillés, ils ont entre-ouvert les fenêtres laissant passer l'air et un filet de lumière. Pas assez pour basculer dans le folklore andalou, hein. Depuis l'album Skying, The Horrors a accentué son côté synthétique très 80's, des fois pour le mieux mais de plus en plus, on croirait entendre les refrains de Simple Minds, c'est à dire qu'il n'y a plus cette emprise, cette menace latente, ils n'arrivent que trop rarement à s'élever, et du coup, et bien Luminous est un brin indigeste. A la lumière du jour, il faudrait pas devenir n'importe qui. Regardez ce pauvre Faris en plein soleil avec son cuir ...

 

 

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