Floorshow restera pour moi comme un sommet de la pop de ce nouveau siècle. A la fois lumineux et dramatique, il était de toute beauté, une beauté qui semblait jaillir de la crasse, du désespoir, de la loose alsolue. Et on imaginait bien son auteur s'y complaire aisément, passer ses journées les coudes sur un zinc collant à jouer son RMI sur des chevaux boiteux, ses nuits à se faire recaler des boîtes à striptease sordides. Baxter Dury, c'est le nom du génie en question, est le fils de son père Ian, auteur du tube funky punkoide Sex and Drugs and Rock'n'Roll, mais ça on s'en fout, l'hérédité n'a rien a faire là dedans. Le fiston a disparu après son chef d'oeuvre, absent des studios, des ondes et même du web où il est pourtant impossible de se cacher. S'il ne s'était pas suicider, il devait sûrement vivre reclu chez sa mère tel un Syd Barrett. Et puis un jour, m'ennuyant à mourir, je tapais son nom dans Facebook, il y avait là une fanpage où ils étaient environ trois, puis un profil même pas protégé, c'était bien le sien perso, et figurez vous que pendant que je me faisais du souci, monsieur était pris en photo par madame en train de piqueniquer avec les gosses quelque part vers la Costa Brava comme n'importe qui ! Il mangeait un jambon beurre en short alors que je le croyais en train de cuver dans une poubelle londonienne ! Objectivement tant mieux pour lui, il avait l'air heureux sur ces photos, subjectivement, je l'aurais préféré en artiste maudit. Bref, je l'ai oublié quelques temps pour mieux sursauter quand j'ai vu Happy Soup dans les bacs, six ans après la sortie de Floorshow.

 

Et le moindre que l'on puisse dire, c'est que durant ces six ans, il a dû passer plus de temps en vacances que dans les studios. Le branleur écrit Happy Soup en un quart d'heure sur un bout de nappe, une pop bricolée avec une guitare, un synthé et une boite à rythme. Ce fainénant marmonne plus qu'il chante, il laisse le micro à Madelaine Hart qui fait ça plutôt bien. Elle est présente sur la quasi totalité des titres, les deux se complètent bien, on est loin des duos d'antant, il faut les voir comme un couple moderne de doux rêveurs. Il ouvre en parlant de ses ex, Claire et Isabel puis Leak at the Disco est le premier sommet de ce disque, quasi electro avec son final qui s'illumine progressivement mais merveilleusement. On est loin de Floorshow, certes, il n'y a pas cette grandeur dramatique, presque décadente, mais on retrouve cette sincérité touchante de celui qui se montre tel qu'il est avec ses forces et surtout ses faiblesses. Le charme du bonhomme est intact, la chanson Happy Soup commence comme Chez Max, coiffeur pour homme de Gainsbourg, puis Baxter parle comme Serge, Madelaine a l'air triste et ce morceau vous hantera quelques temps, beau à pleurer qu'il est.

  

Le reste à les qualités des défauts de ce disque nonchalant, qui ressemble pas à grand chose, mais terriblement attachant, entre légèreté et mélancolie, cette mélancolie qui atteint son paroxysme avec The Sun et son "No one ever told us that we're going to be left alone" ... Baxter Dury confirme avec ce Happy Soup qu'il a un talent énorme, il confirme aussi qu'il est pas du genre à en abuser, sûr qu'il a dû s'entendre dire "peut mieux faire" plus d'une fois ...

 

 

 

  
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